Des habits avant tout paysans

Les Chouans n’étaient pas des soldats professionnels, mais des paysans, artisans ou petits notables. Leur tenue reflétait donc leur quotidien rural.
On retrouvait chez eux :

  • une chemise en toile de lin ou de chanvre, souvent grossière,
  • une culotte de drap ou de toile, serrée sous le genou,
  • des bas de laine, parfois remplacés par des bandes de tissu,
  • une veste courte (la fameuse caraco ou justaucorps),
  • et bien sûr le large chapeau à larges bords, typique des campagnes bretonnes.

Ces vêtements étaient robustes, pratiques et faits pour durer. Les couleurs ? Plutôt ternes et naturelles — beige, brun, gris ou bleu délavé — issues des teintures végétales locales. Rien de spectaculaire, mais parfait pour se fondre dans le bocage.

Le vêtement, arme de camouflage

Ce qui est intéressant avec les Chouans, c’est qu’ils ont transformé leurs habits ordinaires en tenue de combat improvisée.
Leur guerre se jouait dans les chemins creux, les bois et les haies : une guerre de guérilla avant l’heure.
Leurs vêtements rustiques, sombres et non uniformes étaient donc un atout stratégique : ils se confondaient avec la végétation, se déplaçaient discrètement, et pouvaient se mêler à la population sans se faire remarquer.

En face, les soldats républicains portaient souvent l’uniforme bleu et les guêtres blanches — bien visibles de loin dans les champs de Vendée. Le contraste est frappant.

Des signes distinctifs malgré tout

Même sans uniforme officiel, les Chouans avaient parfois des signes de reconnaissance.
Les plus connus :

  • la croix de sacristie ou un chapelet porté en évidence,
  • une cocarde blanche, symbole monarchiste,
  • ou encore un simple mouchoir noué autour du bras pour distinguer les amis des ennemis.

Ces détails, faciles à enlever ou à dissimuler, permettaient de rester discrets tout en affirmant leur fidélité au roi et à la religion.

Des variations selon le rang

Tous les Chouans ne s’habillaient pas pareil.
Les chefs (souvent nobles ou anciens officiers) portaient parfois des vêtements de meilleure qualité : manteaux de drap bleu ou vert, bottes en cuir, sabres à la taille.
Certains tentaient même de reconstituer un semblant d’uniforme royaliste, pour rappeler les armées de l’Ancien Régime.

Mais la plupart restaient fidèles à la simplicité paysanne. Ce contraste entre les chefs « à panache » et les combattants en sabots illustre bien la nature hybride de la Chouannerie : entre guerre populaire et nostalgie aristocratique.

L’image du Chouan dans la mémoire collective

Au XIXe siècle, les écrivains comme Balzac ou Barbey d’Aurevilly ont popularisé une image romantique du Chouan : celle d’un paysan fier, vêtu de bure, fusil sur l’épaule et regard mystique.
Cette vision est en partie stylisée, mais elle s’appuie sur une réalité : le vêtement chouan est devenu un symbole d’attachement au terroir, à la foi et à une France « d’avant ».